Les lutins “AllezViens” et “Reste-ici”


Il était une fois,

Dans une forêt magique, deux lutins très différents qui s’appelaient « AllezViens » et « Reste-ici ».

Les deux lutins vivaient ensemble dans une maison, à la racine d’un long arbre. Ils ne se rappelaient plus depuis quand ils vivaient ensemble mais une chose était certaine : ils se disputaient depuis toujours !

Le premier qui se réveillait tôt, le matin était « AllezViens ». Il commençait à s’agiter à gauche et à droite dans la maison, il secouait « Reste-ici » et criait à son oreille :
– Réveille-toi ! Allez, c’est bientôt le soir !
Et à peine étaient-ils sortis de la maison que « AllezViens » commençait à rouspéter : « Allez plus vite, on va perdre le Soleil ! » Ou encore « Allez plus vite, il y a trop de soleil ». Il courait sans cesse dans la forêt, il tournait en rond sans s’arrêter comme s’il cherchait quelque chose mais sans savoir ce qu’il cherchait. A peine tombait le soir qu’il recommençait : « Allez plus vite, le matin arrive ! »

Par contre, le lutin « Reste-ici» était toujours la tête dans les nuages et plus « AllezViens » était rapide, plus « Reste-ici» était lent et restait toujours en arrière pour observer les choses autour de lui. Il s’arrêtait devant chaque brin d’herbe comme s’il n’en avait jamais vu auparavant, il restait les yeux dans les feuilles comme si les feuilles lui chuchotaient les plus belles histoires. On aurait dit que des sentiers secrets et étroits apparaissaient seulement devant « Reste-ici» et ceux-ci l’attiraient comme un aimant. Et une fois entré sur le sentier, il n’en sortait plus tellement il était fasciné par le monde qu’il découvrait. Quand il se promenait dans la fôret ou plutôt quand il « flottait », « Reste-ici» s’arrêtait brusquement devant un arbre spiralé comme si c’était la première fois qu’il le voyait. Ses yeux glissaient de bas en haut et de haut en bas sur le tronc spiralé de l’arbre et il restait là longtemps, le regard collé au tronc de l’arbre.
– Allez, qu’est-ce que tu regardes encore ? cria « AllezViens » et regarda ennuyé l’arbre spiralé mais ça lui donnait un tel vertige qu’il tomba par terre.
Quand il arrivait dans un champ de pissenlits, « Reste-ici » était capable de souffler vers tous les pissenlits et observer chaque flocon voler un à un. Parfois, lorsque personne ne le regardait « Reste-ici » entrait dans une coquille de noix et se balançait toute la journée sauf si « Allez-viens » l’avait trouvé et forcé de sortir. D’autres fois quand il passait à côté des champignons, il s’arrêtait au milieu d’eux et restait en équilibre, sur un pied. Si « Allez-Viens » ne le tirait pas par la main, il pouvait rester toute la journée comme ça, tellement il aimait faire semblant d’être un champignon sur un pied.


« Reste-ici» raffolait des gâteaux de la forêt surtout les cônes de sapin en sirop de miel. Il fermait les yeux et il savourait le gâteau comme s’il n’y avait plus rien au monde à part lui et le cône de miel. Mais « AllezViens » ne supportait pas d’attendre, de plus il n’aimait pas les gâteaux. Il happait quelque chose en vitesse et quittait la table en hâte. Après, il attendait debout, les mains croisées battant des pieds et demandait sans cesse :
– T’as fini ? T’as fini ?

Jour après jour, les deux lutins se disputaient de plus en plus ! « Reste-ici » avait commencé à ne plus écouter et voir l’autre. Et « AllezViens » le grondait sans arrêt et lui reprochait de ne plus l’écouter. Mais les deux souffraient de ne pas être compris.

Jusqu’à ce qu’un jour, les deux lutins ne se supportèrent plus l’un l’autre.
« Reste-ici» fût emporté par surprise par « AllezViens » juste au moment où il savourait son dessert préféré et il rebondit énervé. Il fit quelque chose qu’il n’aurait jamais fait auparavant. Il explosa et jeta des pois verts sur « AllezViens ». Les pois verts éclatèrent sur sa tête et le recouvrirent d’une couleur verte de la tête aux pieds.
– Ahhhh tu vas voir! cria « AllezViens ». Et « AllezViens » se lança sur « Reste-ici».
« Reste-ici » courut tout essoufflé et ne pouvait plus s’arrêter.

Et quelle surprise maintenant… « AllezViens » criait : « Arrête, je vais t’attrapper ». Et « Reste-ici» criait en regardant derrière lui : « Allez viens et attrape-moi si tu peux ». Ils coururent ainsi l’un après l’autre dans toute la forêt jusqu’à ce qu’ils furent épuisés et tombèrent sur le sol.
– Arrête, je suis fatigué ! dit « AllezViens »
– Allez, je n’en peux plus ! répondit « Reste-ici»

Un moineau qui volait juste au-dessus, gazouilla dérangé :
– Encore vous deux ! Que s’est-il encore passé ?

Et les lutins contrariés commencèrent à se critiquer l’un l’autre :
– « Reste-ici » s’arrête tout le temps et ne fait rien de toute la journée ! Dès que je tourne le dos, il s’assied n’importe où et ne fait que regarder bêtement ce qui l’entoure, quelle perte de temps…
– C’est lui qui perd du temps, répondit « Reste-ici» ! « AllezViens » ne me laisse même pas respirer. Dès que je m’apprête à admirer quelque chose, il vient me houspiller “allez allez !”. Il court sans cesse et cherche toujours quelque chose mais il ne sait même pas pourquoi il court continuellement.

Le moineau les écouta attentivement.
– Hihi, vous me faites rire ! Vous voulez dire que « Allezviens » pense qu’il faut courir sans cesse et « Reste-ici » pense qu’il faut seulement s’arrêter et observer.
– C’est exact ! répondirent en chœur les deux lutins.
– Hmm mais qu’est ce que cela ferait si vous couriez tout le temps sans jamais vous arrêter ?
– Sans jamais s’arrêter ? Vraiment jamais ?
– Et qu’est-ce que cela ferait si vous restiez sur place sans jamais bouger ?
– Sans jamais bouger ? Vraiment jamais ?
– Vous n’avez même pas remarqué que chacun, parce qu’il est différent, est important pour l’autre ?
– Nous ne comprenons rien …
– Lorsque quelqu’un te critique et te gronde pour la façon dont tu te conduis, cela ne veut pas dire que tu n’es qu’un bon à rien. En fait, lorsque quelqu’un te gronde c’est comme si une petite cloche sonnait pour t’annoncer que tu as oublié de t’aimer et de t’apprécier pour ce que tu es.
– Tu veux dire que lorsque « AllezViens » me houspille et me gronde parce que je ne fais rien, en fait c’est moi-même qui me critique et ne m’apprécie pas ? Et j’aimerais apprendre comment bouger plus vite ?
– Et tu veux dire que lorsque « Reste-ici» me critique que je suis trop rapide et je cours tout le temps, en fait c’est moi qui est mécontent de moi-même et j’aimerais apprendre à m’arrêter aussi ?
– C’est exact ! En fait les autres nous regardent de la même façon que nous nous regardons nous-mêmes. Si chacun d’entre vous aimait sa propre façon d’être, il pourrait dire à l’autre sans colère ce dont il a besoin.
– Ah donc si moi j’aime et j’apprécie ma rapidité et ma vitesse, je peux dire à « Reste-ici » ce dont j’ai besoin sans me sentir diminué de ne pas être comme lui !
– Ah et moi si j’aime mon état de relaxation et d’observation, je peux dire à « AllezViens » ce dont j’ai besoin sans me sentir déprécié de ne pas être comme lui !
– Exactement ! Chacun est parfait et accompli tel qu’il est !

Les deux lutins se regardèrent longuement l’un l’autre comme si c’était la première fois qu’ils se voyaient en vérité. Ils se prirent par la main et se dirent :
– Je suis tel que je suis et toi, tu es tel que tu es ! Chacun est important l’un pour l’autre.

Et depuis, à chaque fois que « Reste-ici » avait envie de se détendre dans un coin de la forêt, il disait en souriant à « AllezViens » :
– J’aime tellement parler avec la nature et je voudrais rester un peu et admirer les arbres et les feuilles !
– Oh merci de me l’avoir annoncé, tu me trouveras dans le jardin où j’ai du travail, répondait gentiment « AllezViens »
Et lorsque « AllezViens » se dépêchait pour résoudre quelque chose, il prévenait « Reste-ici » :
– J’ai besoin de faire quelque chose très vite, peux-tu m’accompagner à grande vitesse ou bien préfères-tu m’attendre ?
– Merci de me l’avoir dit ! Je multiplie la vitesse et je viens au plus vite.

Les deux ont enfin compris que chacun était respectable dans sa façon de vivre et était parfait tel qu’il était !

Et que le secret est de s’accepter, de s’aimer et de s’apprécier soi-même ! Car si on s’accepte soi-même, on donne la possibilité aux autres d’être eux-mêmes.

Leave a comment

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *